Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 août 2011 4 25 /08 /août /2011 15:34

 

Mélanie Fazi

Serpentine

Gallimard, Folio SF

2010

 

serpentine.jpg

 

Serpentine est un recueil qui renferme dix nouvelles fantastiques. Les amateurs du fantastique comme on l'écrivait au XIXe siècle, sans nécessairement s'intéresser aux Ghost Stories, devront passer leur chemin. Ces dix nouvelles exposent des univers réalistes marqués du sceau de l'étrange. Il serait erroné d'écrire que l'étrange s'y insinue. L'étrange est déjà là quand le lecteur s'introduit dans la nouvelle, et les personnages semblent très bien s'en accommoder qu'il s'agisse de partir en quête d'un bien perdu «Le faiseur de pluie», d'un être cher «Elégie», «Rêves de cendre», «Matilda», ou de faire disparaître une partie de leur vie «Serpentine», «Petit théâtre de la rame», «Ghost Town Blues». Des thèmes récurrents entrelacent les nouvelles: le questionnement autour de la mémoire et des métamorphoses du corps comme vecteurs d'identité. Que convient-il d'effacer pour se libérer d'un fardeau ? Se faisant, resterons-nous les mêmes ? Comment s'inscrire dans son corps ? Comment retrouver un être dont le corps s'est métamorphosé ?

L'intérêt du recueil réside notamment dans sa générosité générique et narratologique. On retrouve des nouvelles qui relèvent du conte merveilleux «Elégie», «Le faiseur de pluie», du pastiche «Mémoire des herbes aromatiques», du polar «Serpentine», «Matilda», «Le passeur», et même du western «Ghost Town Blues». La plupart des nouvelles sont racontées à la première personne, comme le veut la tradition fantastique, néanmoins leurs narrateurs sont très variés: deux criminels dont l'un est peintre et l'autre tableau, une mère dont les enfants ont disparu, et des adolescentes fascinées par le feu, égarées sur une aire d'autoroute ou groupies. D'autres nouvelles osent la troisième personne « Le faiseur de pluie» et surtout la polyphonie «Petit théâtre de rame».

La musique hante le recueil, au point que le lecteur sera tenté d'aller voir ailleurs pour connaître ou redécouvrir cette bande son qui accompagne l'écriture. Ainsi, au détour d'une aire d'autoroute, on retrouvera Patti Smith, Robert Plant, le titre « Vénus » du groupe Télévision, ou celui «Jig of life» de Kate Bush. Puis la nouvelle «Matilda» viendra aiguillonner les lecteurs friands d'énigmes et de références détournées. La musique, c'est aussi celle de la langue de Mélanie Fazi qui nous promène dans sa galerie des styles. Pourtant, en dépit de toutes les qualités de cet ouvrage, il reste comme une lettre morte. Agréable promenade à laquelle il manque l'essentiel: l'empreinte du fantastique laissée sur les doigts et le quotidien du lecteur.

Partager cet article
Repost0
24 mai 2011 2 24 /05 /mai /2011 21:22

 

Dan Fante


Régime sec


13e note édition

regime-sec.jpg

 

Plusieurs entorses au régime sec: l'alcool va et vient, de thérapie comportementale associée à l'antabuse en séances d'hypnose, en passant par l'automédication. Avec l'alcool, s'invite toute une série de personnages déglingués dont le narrateur raconte un bout du chemin qu'il a croisé: Bob le portier d'un grand hôtel qui se fait tabasser par sa femme et qui passe ses nerfs sur ses collègues et les chauffeurs de taxi qu'il raquette. Kerri la petite amie au tee-shirt de nuit à l'aune duquel se mesure la tension érotique dans le couple... et son abominable chien. La pute de luxe semeuse d'herpès qui désarme Bruno au premier sourire, ou Irène l'implacable épouse du patron qui conçoit la visite d'un appartement à louer comme une occasion de s'encanailler à moindre frais. A ses harpies répond la beauté diaphane éperdue et éternelle qui se jette au corps de Bruno dans le désespoir de sa déraison et dont il ne reste qu'un souffle entrecoupé de mots sur un répondeur.

Ce régime-là, celui du narrateur chroniqueur, est rompu quand il passe sur le siège arrière pour écouter ses personnages et leur prêter la parole quitte à les orienter dans leur récit. Il y a Libby, l'intarissable punk viré skinhead, qui devient héraut d'une nouvelle version de l'infamie. Lebboby, homologue du Robby deLimousine blanche et blondes platine, qui peine à raconter son histoire entre digressions, tics de langue et moqueries de son écouteur pour ce que Lebboby considère comme un bon scénario. Une scène que Bruno retranscrira sous cette forme-là, trop heureux finalement de collecter dans ce mauvais récit les bons ingrédients d'une fiction, quand auparavant il avait failli empaler un gros mec sur son stylo pour délit de débilité sans accompagnement de boisson. Les courses s'allongent, Bruno ne gère plus son hypersensibilité, mais l'ombre de la vieille dame (ici Mme Carter parente de JC) veille et pour renouer avec l'écriture, Bruno raccroche le taxi.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Obsolescence
  • : Un peu de tout et de n'importe quoi, mais toujours de la lecture.
  • Contact

Recherche

Catégories

Liens