Odilon Redon
A soi-même, journal 1867-1915.
Notes sur la vie, l'art et les artistes
José Corti
Février 2011
Ni véritablement un journal, ni tout à fait un carnet de notes sur l'art, Odilon Redon signe ici des textes épars, écrits sans régularité mais qui se suivent chronologiquement et des exercices plus critiques parfois destinés à un lecteur, consacrés à des artistes. Ces artistes, souvent les mêmes, sont les peintres que Redon considère comme ses maîtres: Rembrandt, Callot, Dürer, et d'autres auxquels il reconnaît sinon du génie, du moins de la technique et de l'intelligence. Privilégiant sa propre formation, Redon critique les écoles, les artistes officiels et célèbre le génie, celui qui capable de travailler dans la solitude et de suivre son propre chemin sait voir et communiquer des sentiments de «bonne nature» dans son oeuvre. Une oeuvre qui sera peut-être produite trop tôt ou trop tard au regard de ses contemporains mais qui sèmera un germe et fleurira sous le pinceau d'un autre peintre.
Les propos sur ses recherches, son travail, sont rares dans les écrits rassemblés ici. On devine l'importance de ce que Redon appelle «l'idée littéraire» et de la reproduction acharnée de la nature jusqu'à libérer l'imagination, mais le titre à soi-mêmereste trompeur. Nulle intimité dévoilée ici, nulle critique acerbe des artistes qui ne figurent pas à son panthéon soit parce qu'ils ne sont que des «ouvriers» de la peinture, soit que l'homme derrière l'artiste n'est pas aimable. Partout un voile de pudeur, à peine soulevé une fois pour évoquer la grâce de la naissance d'un enfant et l'obscurité de sa perte.
L'exposition au Grand Palais "Odilon Redon, Prince du rêve" se tient jusqu'au 20 juin 2011.
