Dan Fante
Limousines blanches et blondes platines
13e note édition
2010
Quand le narrateur Bruno Dante décide de se racheter une conduite au premier chapitre afin de prendre ses distances avec l'alcool et de décrocher un emploi stable qui lui permettrait d'écrire une page par jour, il prend contact avec un ancien patron qui lui accorde sa chance. Un permis pour une nouvelle vie sous conditions : cesser de boire et suivre les réunions des alcooliques anonymes. Les alcooliques anonymes, un regroupement de barjots attendant que Dieu le père se penche sur leur misérable vie et les éclaire d'une lumière plus ambrée qu'un whisky. Heureusement, il reste assez simple de faire signer des feuilles de présence, sans rien écouter de ses ramassis de conneries et Bruno Dante remplace les AA par des séances de cinéma. Tout roule: un boulot correct de chauffeur de maître à Hollywood, un logement au dessus de l'agence qui l'emploie, quelques pages d'écriture par jour et tout ça à jeun grâce à la vicodine ! Et puis quel boulot ! balader des mannequins camés, tempérer un réalisateur narcissique et autoritaire qui a élu le narrateur pour chauffeur officiel, déjouer les arnaqueurs à l'assurance et s'envoyer en l'air avec l'horripilante standardiste osseuse et érotomane. Alors de temps à autre, Bruno Dante décroche : Jimmy, l'ami qui ne lui veut pas que du bien, dans sa tête, s'agite, hurle, l'invective et il n'y a que l'alcool pour l'assommer. Parfois même Bruno ouvre les yeux sur un environnement qu'il ne reconnaît pas, découvrant sur son bras la brûlure d'une infamie, et entraîne le lecteur dans l'abîme des ellipses qui ponctuent ce récit à la rigoureuse chronologie garde-fou. Un chemin de croix aux trente quatre étapes semé de rencontres salvatrices dans ce künstlerroman aux échos beat et picaresques, où suivre un chat noir reste plus sûr que de se prendre d'affection pour un bouledogue indolent.