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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 22:22

 

La Rose Blanche, six allemands contre le nazisme

Inge SCHOLL

Traduit de l'allemand par Jacques Delpeyrou

Les Editions de Minuits

2008

 

rose-blanche.jpg

Inge Scholl, donne sa voix à La Rose Blanche, un groupe de résistants allemands qui tenta de lutter pacifiquement contre le nazisme. A l'aide de mots écrits à la peinture sur les murs de la ville où ils sont étudiants ou de tracts distribués au gré des mouvements de leur bataillon sur le front russe, ces jeunes gens exhortèrent leurs concitoyens à refuser l'illusion du national-socialisme tel que le faisait miroiter Hitler. Ils appelaient chaque Allemand à prendre connaissance des crimes commis par les nazis au nom de la patrie pour mesurer la destruction de la tradition humaniste et judéo-chrétienne de l'Allemagne; avant de se faire dénoncer, condamner à mort et décapités à la hache en 1943.


Inge Scholl est la soeur des deux fondateurs de La Rose Blanche: Hans, étudiant en médecine et Sophie, étudiante en philosophie. Dans un récit bref et extrêmement pudique, elle raconte, sans jamais parler d'elle-même, la séduction que purent exercer les jeunesses hitlériennes, sur Hans d'abord, par l'exaltation de la jeunesse, des valeurs du sport et de la solidarité, des paysages allemands et du chant. Une communion organisée dont leur père n'était pas dupe. L'innocence de Hans se délitait à mesure que les interdictions arbitraires se multiplièrent au sein de son groupe ( interdiction de chanter des hymnes internationaux, de lire les écrits de Stefan Sweig, etc...) et que s'échappèrent certaines informations confidentielles: de jeunes malades mentaux mouraient massivement ou des hommes disparaissaient littéralement du jour au lendemain après une interpellation par la police. Le sacrifice d'une génération d'homme et de tout un peuple au prétexte d'une guerre était devenu insupportable à Hans qui assistait en tant que jeune soldat au spectacle de la barbarie : mères errantes traînant derrière elles le cadavre de leur enfant, trains bondés de bétail humain, travail forcé de squelettes vêtus... Il commença seul a éditer des tracts avant d'être rejoint par sa soeur Sophie, le professeur de philosophie de celle-ci et trois autres étudiants en médecine dont l'un était déjà père de famille. Tous les six prirent le risque de diffuser leurs écrits en connaissance de cause: s'ils étaient trouvés, ils seraient condamnés à mort.


Ce récit de Inge Scholl a ceci de perturbant que l'on se demande d'où viennent ces scènes dont elles ne fut pas la témoin. Souvent, elle conserve le souci de faire témoigner les personnes qui ont rencontré son frère et sa soeur, notamment après leur arrestation en prison. Elle produit d'ailleurs des extraits de ses documents qui constituent des archives et l'édition comporte même la reproduction des tracts. Pour le reste, les sources demeurent obscures, même s'il est question à un moment de l'écriture d'un journal intime. L'audace et l'abnégation de Hans et Sophie sont exacerbées par l'insistance de Inge Scholl à nous faire entendre qu'ils se sont sacrifiés pour leur quatre autres camarades – qui furent exécutés malgré tout – et pour l'honneur du peuple allemand, avec la conscience très aigüe que leur action laisserait une empreinte dans l'Histoire et qu'ils se retrouveraient au royaume des justes.

Il n'en reste pas moins qu'il faille saluer, outre l'héroïsme de ces jeunes gens, la force de l'écriture des premières pages, dont la traduction qui nous est donnée à lire est remarquable de sobriété.

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